EXPOSITION « Folle comme une image »

Yvon LE MEN, 50 ans d’un dialogue avec des artistes

28 Janvier- 1er Avril 2023

Chapelle des Ursulines – Lannion


Il était une fois une image


Je me souviens de mes premières images déployées devant mes yeux, la nuit, sous les draps de lecture, quand, passager clandestin, je passerais par elles pour atteindre mes rêves.

Je me souviens de l’une, cette fois vue et regardée longtemps, longtemps de jour, sur le mur gauche de la salle de classe des grands de l’école primaire à La Roche Derrien : Le passage de la Bérézina.

J’avais envie de la raconter, de raconter à mes parents la neige, la mort, la défaite de l’empereur, le courage des soldats. Une seule image et tout un peuple défile, Les soldats de l’an 2 à qui Victor Hugo rendit hommage dans son grand livre, Les Châtiments. Ils gelaient, là, sous mes yeux, entre un poème et une image.

Je ne sais ni dessiner, ni peindre, ni graver. Je photographie peu, mais quand j’écris un paysage, un visage, je l’ai regardé en l’écoutant longtemps, longtemps, de long en large et en travers par où passera mon poème qui écrira alors ce qu’il a vu.
Je ne sais pas dessiner mais je sais rencontrer ceux qui dessinent. Je sais reconnaître ce qui me manque dans ce qu’ils savent pour mieux montrer ce que je veux dire de cette vie quand elle nous entoure comme la mer entoure la terre et le ciel, la mer.

Et à nous deux, à la main, à l’oreille, nous jouons notre partition, folle comme une image, pour confirmer ce vieux poème chinois écrit il y a longtemps, longtemps après que son objet a disparu.


Montre ton cœur sans réserve
et ton pinceau sera inspiré
écrire et peindre servent un même but
la révélation de la bonté intérieure


T’ang Hou, lettré chinois du quatorzième siècle, écrivit ce poème au bord d’une peinture réalisée des siècles auparavant. Comme en écho, l’écho d’une pierre jetée dans l’eau d’un regard quand il se déplie à l’infini… jusqu’à nous. Aujourd’hui…

Yvon Le Men

Vous aimerez aussi...