Comme chaque année, du 18 au 20 mai, à Saint-Malo, Yvon Le Men animera les rencontres dédiées à la poésie.

Un temps de poème. Desserrer les douleurs

Le monde souffre, chacun dans sa douleur. Elle hurle au loin, on ne l’écoute pas ; elle hurle au près, on ne l’entend pas, assommée par des noms des adjectifs des verbes usés d’avoir trop parlé. Alors que nous demandons un peu de mou entre chaque mot, un peu de paix entre chaque douleur. C’est ce que tente le poème quand il sait marier la parole et le silence. Ainsi, ces deux propositions : l’une de Paul Valet, On ne traverse pas intact / une forêt de paroles. L’autre, de Terez Bardaine, Il y a cette chose que tu voudrais me dire / mais que tu ne me diras pas / pour ne pas me faire souffrir.
Yvon Le Men

Les rencontres :

Sam. 14h30, Salle Sainte-Anne

Des mots qui soignent

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, beaucoup connaissent cette phrase de Stig Dagerman. Beaucoup l’ont fréquentée jusqu’à tomber dedans, corps et âme ensemble. Mais avant d’y succomber certains auraient pu trouver des poèmes, un vers, deux mots qui auraient pu alléger leur souffrance, en la nommant. Ici, un deuil ; là-bas, une maladie chronique, laquelle devient parfois une compagne ad vitam aeternam. Et, en contrepoint, toujours et partout des paroles qui desserrent les douleurs.

Avec Éric Fottorino, Élie Guillou, Jean-Luc Catoir et Yvon Le Men

Sam. 15h45, Salle Sainte-Anne

Des deux côtés du Globe

Il suffit d’être allé quelque part pour que cette part de terre devienne une part de nous-mêmes. Ainsi, là-bas, à l’est, en Chine où j’ai écouté, malgré la langue de bois, et où j’ai entendu de possibles amitiés. Ainsi, là-bas, à l’ouest, en Haïti où j’ai vu les larmes mais aussi les rires et qui sont nos langues universelles. Haïti, d’où j’ai écrit ces deux vers : Je cherche en vain la ceinture de sécurité / ma sécurité / c’est ma confiance en lui.

Avec Shu Cai, Bonel Auguste, Éric Sarner et Yvon Le Men

Sam. 17h, Salle Sainte-Anne

Le poète et le romancier

Carole Martinez nous a proposé d’inviter Yvon Le Men et Ananda Devi : la poésie et le roman, deux espaces littéraires. Quelles sont leurs contraintes respectives ? Les frontières sont-elles poreuses ? Existe-t-il des romans poétiques, des poèmes romanesques ? De l’écriture à la réception, promenons-nous de l’Île Maurice à la Bretagne aux côtés de deux romancières un peu poètes et d’un poète parfois romancier, pour tenter d’observer comment les genres divaguent.

Avec Carole Martinez, Ananda Devi et Yvon Le Men

Dim. 10h, Salle Maupertuis

Peindre, c’est aimer à nouveau et remise des prix Robert Ganzo

Remise des Prix Robert Ganzo

Éric Sarner, un monde à lui tout seul pour qu’on soit moins seul au monde. Tout ce qui vit l’intéresse. De ces histoires immenses, d’une simple merveille à un éblouissement. En prose, en vers, en images fixes ou animées, mais toujours qui nous poussent dans les retranchements de la vie contre la mort. Avec ce vers en bandoulière, à méditer jusqu’au bout du silence et qui est comme la langue maternelle du poème : je suis ce que je ne peux pas dire.
Avec Alain Borer, Claudine Delaunay, Yvon Le Men, Éric Sarner (lauréat du Grand Prix de poésie Robert Ganzo 2024), Alexis Gloaguen (lauréat du Prix spécial du jury, Orénoque, Robert Ganzo), Sofia Karámpali Farhat (lauréate du Prix Découverte Robert Ganzo) et Jean-Luc Catoir (lauréat du Prix Révélation Robert Ganzo).

Peindre, c’est aimer à nouveau

Je ne sais pas dessiner mais je sais rencontrer ceux qui dessinent, ceux qui peignent. Je sais reconnaître ce qui me manque dans ce qu’ils savent pour mieux montrer ce que je veux dire de cette vie quand elle nous entoure comme la mer entoure la terre et le ciel.
Et à nous deux, à la main, à l’oreille, nous jouons notre partition, folle comme une image, pour confirmer ce vieux poème chinois écrit il y a longtemps, longtemps après que son objet a disparu.
Montre ton cœur sans réserve
et ton pinceau sera inspiré
écrire et peindre servent un même but
la révélation de la bonté intérieure…AvecHubert Haddad, Alexis Gloaguen, Edmond Baudoin, Emmanuel Lepage, Yvon Le Men

Dim. 14h15, Salle Sainte-Anne

On a marché sur la terre

un galet sur la grève / des traces sur le galet / un dessin dans les traces / un visage dans le dessin
/ ainsi commence le voyage… L’un est géologue, les deux autres poétesses, tous les trois tiennent à la terre qui nous porte et la remercie de nous porter, de nous transporter, par la mer, par les rivières, à travers les forêts et d’un point à l’autre de l’autre Et jusqu’à nos Cœurs, comme livres d’amour. Parfois on s’arrête, on regarde, on compare les nuages aux moutons, les pierres, aux vaisseaux, on fait de la poésie. En géologie, cela s’appelle, la paréidolie. En poésie, cela donne ce vers de Michel Le Bris : et nos vaisseaux étaient de pierre et nous étions très bons.

Avec Pierrick Graviou, Hélène Dorion, Marie Pavlenko et Yvon Le Men

Dim. 15h30, Salle Sainte-Anne

Gwerz

 Que peut faire le feu / s’il n’a pas le bois pour le nourrir ? / Que peut faire le mot / s’il n’a pas
la voix pour voyager ? Le chant seul / te sauve de la pesanteur.
Il en est ainsi avec Denez.
Dès qu’il chante, au-delà même
de la langue, nous le suivons comme les enfants suivaient la flûte enchantée et le petit Poucet, ses cailloux blancs dans la nuit. Denez a sauvé les vieux chants de Bretagne jusqu’à en inventer d’autres qui auraient pu être écrits autrefois. Et tous nous emportent hors du temps et nous offrent l’hospitalité du poème
en breton. Une langue pour moi inconnue, mais pas étrangère. Une langue que je suis, par la voix de Denez, comme on suit le courant de la rivière vers la mer et le ciel.

Avec Denez et Yvon Le Men

Dim. 16h45, Salle Sainte-Anne

L’hôte, c’est qui ?

L’hôte, voici un mot que j’aime, un mot à double sens, à double fond. Celui qui arrive, celui qui accueille. Un étranger est venu / il a raconté notre vie, a écrit Jean Malrieu, il y a longtemps, et à qui je réponds par ces deux vers : Va à l’étranger comme chez ton ami / et chez ton ami comme à l’étranger. Trois histoires de vies entre douleur et joie. Beaucoup de douleurs, en traversant la violence des frontières, les tragédies des Boat People. Beaucoup de joies quand les portes s’ouvrent. Et cette parole d’Anna Ayanoglou qui fait le pont et le point, mais d’interrogation : regagner la maison, c’est retrouver l’exil.

Avec Falmarès, Anna Ayanoglou, Sabine Huynh, Yvon Le Men et des surprises

Lun. 14h, Salle Sainte-Anne

L’écriture de la guerre

Bruno évoque l’Ukraine d’où il a ramené des poèmes. Velibor, qui a été soldat, a traduit les vers de ceux et celles qui ont survécu, en écrivain et en poète qu’il est devenu, jour après jour, contre la nuit. Quant à Sofia, elle, donne la parole à son père qui espère voir un jour un Liban libre, à sa grand-mère qui sème le Zaatar, le thym sauvage, pour conjurer la guerre. Tous les trois cherchent comment dire le mal pour faire du bien. Tous ensemble se souviennent des vers d’Éluard : on a tué un homme / un homme / un ancien enfant.

Avec Bruno Doucey, Velibor Čolić, Sofia Karámpali Farhat et Yvon Le Men

Lun. 15h15, Salle Sainte-Anne

Je est un autre, la parole au lecteur

Qui fait le poème ? Son auteur, son lecteur ; les deux à la fois ? Un poème est-il achevé par la mort du poète ou par la mort de son lecteur ? Le poète et le lecteur cheminent-ils ensemble, et jusqu’à quand et jusqu’où ? Autant de questions. Autant de réponses, tout en sachant, comme l’écrit Alberto Mangel, que le lecteur idéal ne suit pas une histoire : il y participe. Tout en sachant aussi, comme le dit Bachelard et tant d‘autres après lui qu’un poème est une réponse à une question qui n’a pas encore été posée.

Avec Janine Mesnildrey, Cypris Kophidès, Nassuf Djailani, Thierry Renard, Arthur Scanu, et Yvon Le Men

et aussi

Sam. 11h30, Théâtre Chateaubriand, film « Hugo avec nous »

Gabrielle Lambert (Les Films de l’Autre Côté/2024/52’)

À quoi pense un jeune homme sans-papiers pédalant dans la nuit, portant sur son dos un sac Deliveroo ? Il regarde les astres et pense à sa condition humaine : « Ton ancre n’a-t-elle jamais cherché le fond de la nuit ? » demande-t-il. Il s’arme des vers de Victor Hugo et slalome entre les voitures et les bus de la ville, à la recherche de sa propre étoile

Cinq hommes et femmes, vivant la précarité et l’exil, s’emparent des mots de Victor Hugo qui entrent en résonance directe avec leurs vies. L’illustre écrivain va les accompagner pour franchir un cap, celui d’écrire et de dire à leur tour le monde avec leurs mots.

Sam. 11h30, Théâtre Chateaubriand, film suivi d’une rencontre avec la réalisatrice Gabrielle Lambert et les personnages du film en présence d’Yvon Le Men

Sam. 18h15, Café Littéraire

D’un chemin à l’autre

Avec Shu CAI, Bonel AUGUSTE, Yvon LE MEN, Jean-Michel LE B OULANGER